Cîteaux et les cisterciens.
Les critiques vers Cluny, les Cisterciens les reprennent à leur compte. Mais cette fois, sous l'égide de saint Bernard, la dénonciation prend une ampleur inconnue.
L'agression est violente, elle s'inscrit au moment où tous, et en particulier le pape, cherchent à rabaisser la congrégation de Cluny devenue trop puissante et trop orgueilleuse.
Lorsque Bernard de Fontaine entre à Cîteaux en 1112, le monastère fondé par Robert de Molesmes en 1098, est dans une période difficile. Bernard prône la mesure qui seule permet l'élévation de l'esprit. Il rejette Cluny dont le faste est une insulte aux pauvres, mais aussi parce qu'il flatte l'orgueil des moines et nuit à leur seul but légitime : trouver Dieu à travers l'Ecriture.
Si Cîteaux oeuvre pour une réforme du monachisme, il ne propose pas pour autant de remettre en cause les fondements de l'institution, ils entendent se conformer à ce qui a fait ses preuves et, en premier lieu, la règle bénédictine.
Il ne s'agit pas d'inventer mais de revenir à la pureté originelle : retrait du monde, retour à la Règle de Saint Benoît, élévation personnelle. Cîteaux suscite, au début du XIIe siècle, une vague de conversions dans la société chevaleresque. Les cisterciens rejettent initialement le modèle Clunisien et assurent eux mêmes le faire-valoir de leurs possessions, ils cultivent et produisent eux mêmes, vendant le fruit de leur travail sur les marchés, restent isolés et pratiquent assez peu la charité à l'égard des tiers. Les siècles passent, les donations et richesses s'accumulent, le faste se développe (liturgie, architecture...).
Au fil des siècles les Cisterciens avaient affronté de nombreux bouleversements internes, sociétaux et sociaux (dissensions internes et avec Clairvaux, revers économiques, peste noire, guerre de Cent ans, guerres de religion, montée des nationalismes durant la Renaissance...). Ces évènements perturbèrent le bon fonctionnement des institutions et provoquèrent l'apparition des Congrégations nationales ou régionales (non sans résistance de l'autorité centrale) qui s'efforcèrent de reprendre en sous-œuvre la tâche de redressement que l'autorité suprême tentait vainement de mener à bien, malgré ses efforts.
Certains considéraient en effet qu'était perdu le sens des valeurs de simplicité et de pureté initialement prônées. Des querelles d'observance virent le jour et minèrent l'unité du mouvement.
En France, avant la Révolution, il n'était pas question de se couper de Cîteaux dont on était relativement proche. Cependant, au tout début du XVIIe siècle, l'Ordre se divisa entre monastères réformés (dits de l'étroite Observance) et monastères non réformés (dits de la Commune Observance). Quelques années plus tard, les "Trappistes" allaient alors naître...