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Soligny-La-Trappe

Ch I
Ch II
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L'abbé de Rancé à oeuvré à sa réforme au sein de sa communauté de Soligny-la-Trappe. Le nom des "trappistes" provient de cette abbaye.

L’endroit appelé La Trappe, probablement en raison des pièges que l’on y tendait pour le gibier, était propriété de Rotrou III comte du Perche.
 
Or, en 1120, le naufrage d’un grand vaisseau dans lequel périrent 300 nobles anglais parmi lesquels Mathilde, fille du roi d’Angleterre et épouse de Rotrou, conduisit ce dernier à ériger à La Trappe (dans le diocèse de Séez) un oratoire dédié à la Vierge, en mémorial de la catastrophe maritime.

Quelques années plus tard, en 1140, Rotrou adjoignit un monastère à cet oratoire, appelant des moines du Breuil-Benoît, près de Dreux. C’est ainsi que la première communauté de La Trappe vit le jour. Sept ans plus tard, avec toute la congrégation de Savigny dont elle faisait partie, elle s’agrégeait à l’Ordre de Cîteaux. 

Après un siècle de prospérité, survint la guerre de Cent Ans qui ravagea cette terre de confins entre la Normandie et le Perche où se heurtaient armées anglaise et française.

Une première fois, les frères durent abandonner leur monastère pour trouver refuge au château fort de Bonsmoulins. Le monastère fut brûlé en partie et pillé en 1376 et en 1465.

La guerre de Cent Ans achevée, l’abbaye reconstruite, La Trappe fut en quelque sorte minée de l’intérieur par une disposition royale qui affectait le monastère sous le régime de la commende. Le système de la commende disposait que l’abbé commendataire, un clerc extérieur à la communauté, désigné par le pouvoir royal au prix d’intrigues politiques, s’appropriait les bénéfices du travail des moines sans le moindre souci de la Règle ni des valeurs cisterciennes. La ruine, tant matérielle que morale, pour ne pas dire spirituelle, était consommée quand survint en 1662 Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700), filleul de Richelieu, abbé de cour qui avait hérité de la commende de La Trappe. Rancé y fit retraite pour finalement entrer dans la communauté dont il devint l’abbé régulier. Il y mena une réforme d'austérité restée célèbre pour avoir été à l'origine de l'Ordre des "Trappistes".

La Révolution de 1789 dispersa une partie des moines. Une vingtaine d'entre eux sous la direction de Dom Augustin de Lestrange s’exilèrent en Suisse dans l’ancienne chartreuse de la Valsainte. C’est grâce à ces moines issus de La Trappe, entre-temps rejoints par de nombreux postulants, que la vie monastique cistercienne se développa en Europe et en Amérique. La communauté de La Trappe ne cessa donc jamais d’exister et quand les exilés rejoignirent enfin La Trappe en 1815, celle-ci n’était qu’un amas de ruines.

Le monastère fut alors reconstruit sur l’emplacement antérieur et la communauté des moines n'a, depuis lors, jamais cessé d'y prier et d'y travailler.

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La brasserie. 
 

Abbaye mythique, car ayant vu naître le mouvement trappiste, l'abbaye de La Trappe, à Soligny dans l'Orne, fit l'objet d'une visite du R.P Dom Dominique Georges, supérieur et vicaire général de l'Etroite Observance, le 16 Novembre 1685.

Au cours de cette visite, il fut reçu par l'abbé De Rancé.

Un témoignage de cette visite figure dans l'ouvrage "La vie du Très Révérend Père Jean Armand le Boutillier de Rancé...", par Pierre de Maupéou (édité en 1702).

On peut en effet trouver dans cet ouvrage, un procès verbal dressé le 16 novembre 1685 par le R.P Dom Dominique GEORGES, abbé du Val-Richer, stipulant que :

"...au bout du jardin, fur un ruiffeau qui vient des étangs, il y a une brafferie pour faire la biere." .

On y est également informé que : 

"Un Maître braffeur de bierre de la ville de Caën travailloit alors à la Trappe à une brafferie que la nécessité & les besoins des Religieux incommodez du cidre obligeoit M. de la Trappe de faire faire."

Enfin, dans son ouvrage "Histoire de l'abbé De Rancé et de sa réforme" , édité en 1866, M. L’abbé DUBOIS nous apprend que : 

"Tout ce que l'abbé de Rancé faisait pour son monastère, montrait assez combien il espérait que la Providence le soutiendrait. Trois ans auparavant, voyant que le cidre incommodait un certain nombre de religieux qui n'y étaient point accoutumés, et que cette boisson manquait en quelques années, dans la crainte qu'on eût la pensée de revenir au vin qu'il avait retranché, il préféra la bière, et fit construire une brasserie."  

© Cyril Pagniez
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